Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

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djef24
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Poèmes lus ou appris à l'école et après......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Demain , dès l'aube

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Victor Hugo
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XYZ
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Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par XYZ »

Ha ça c'est beau, mais pas tres joyeux. :triste1:
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Message non lu par djef24 »

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.

Joachim DU BELLAY
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Message non lu par djef24 »

Le dormeur du val

C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur RIMBAUD
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Message non lu par LANDERIBA »

:hello:

Celle là je me souviens, nous l'avions eue en primaire !!

JP :happy1:
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JLM
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Message non lu par JLM »

Bonjour

et reprise par Serge Réggiani avant la chanson: le déserteur

https://www.youtube.com/watch?v=u8-qu6hDeLU
Bonne journée à tous
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Message non lu par djef24 »

Il pleure dans mon cœur

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s’ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s’écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?…
Ce deuil est sans raison.

C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !

Paul Verlaine
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Message non lu par djef24 »

Mignonne, allons voir si la rose

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Pierre de RONSARD
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Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Le lièvre et la tortue

Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.
Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point
Sitôt que moi ce but. – Sitôt ? Etes-vous sage ?
Repartit l’animal léger.
Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d’ellébore.
– Sage ou non, je parie encore.
Ainsi fut fait : et de tous deux
On mit près du but les enjeux :
Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire,
Ni de quel juge l’on convint.
Notre Lièvre n’avait que quatre pas à faire ;
J’entends de ceux qu’il fait lorsque prêt d’être atteint
Il s’éloigne des chiens, les renvoie aux Calendes,
Et leur fait arpenter les landes.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir, et pour écouter
D’où vient le vent, il laisse la Tortue
Aller son train de Sénateur.
Elle part, elle s’évertue ;
Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire,
Tient la gageure à peu de gloire,
Croit qu’il y va de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s’amuse à toute autre chose
Qu’à la gageure. A la fin quand il vit
Que l’autre touchait presque au bout de la carrière,
Il partit comme un trait ; mais les élans qu’il fit
Furent vains : la Tortue arriva la première.
Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi, l’emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison ?

Jean de La Fontaine.
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Message non lu par djef24 »

La Cigale et la Fourmi

La Cigale, ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’Oût, foi d’animal,
Intérêt et principal. »
La Fourmi n’est pas prêteuse :
C’est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
– Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
– Vous chantiez ? j’en suis fort aise.
Eh bien! dansez maintenant.

Jean de LA FONTAINE
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Message non lu par djef24 »

Le Corbeau et le Renard

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
« Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. »
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

Jean de LA FONTAINE
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Message non lu par LANDERIBA »

Un peu de poésie populaire !!

LE CORBAC ET LE ROCNEAU

de Bernard Gelval


Un pignouf de corbac, sur un touffu, paumé,

S'envoyait par la tranche, un coulant baraqué,

Un goupillé d'rocneau qui n'avait pas clappé,

Se radina lousdé pour le baratiner:

"Hé, Mon pote le corbac,

Je n'avais pas gaffé que t'étais si chouette

Et si bien balancé.

Si tu pousses ta gueulante aussi bien que t'es fringué,

T's l'caïd des mecs de ce bled ! "

Le corbac, pas mariole,

Lui lâcha le coulant sur la fiole.

Mort alité:

Tous c'qui reste au plumard

C'est d'faire gaffe aux combinards

et s'tenir peinard.

:jesors:
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djef24
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Message non lu par djef24 »

Je la connais sous une autre façon ( façon patois
....elle commence comme ça :
Un pignouf de corbac

LE CORBAC ET LE GOUPIL

Un pignouf de corbac sur un abri planqué
S’envoyait par la fiole un coulant barraqué.
Un goupil n’ayant eu qu’un cent d’clous pour bectance,
S’en vint lui dégoiser un tantinet jactance :
Salut, dab croasseur ! Lui bonnit-il d’autor.
En disant qu’ t’es l’ plus beau, j’ai pas peur d’avoir tort !
Si tu pousses la gueulante aussi bien qu’t’es nippé,
T’es l’ mecton à la r’dresse des mectons du boicqué ! »
A ces ragots guincheurs qui n’étaient pas mariolles,
Le corbac lui balance le coulant par la fiolle.
» Enlevé, c’est pesé, j’tai baisé, dit l’goupil.
Fais bien gaffe aux p’tits gonzes qui t’la font à l’estoc,
Et t’gazouillent par la couâne des bobards à l’esbroff. «

Et en patois normand que ma Grand-Mère parlait formidablement bien

renard et la cônèle
Eune cônèle juquie sus eun âbre
Avait eun fromage dauns sen bé.
Eun renard rattiraé pa l’odeu
Lyi dit à peu praès coume cha :
» Eh, boujou tei la cônèle !
Eh byin, ma fei de Du, t’es gentile !
Sauns menti, si tu chauntes oûssi byin coume t’es gentile,
Ch’est tei la Reine du boués d’ichin ! »
Dé de chu coup, la cônèle touote fyire
Ouvrit graund sen bé… et l’ssi le fromage tumbaer.
Lé renard lé *happit du coup et lyi dit coume cha :
» Ma bouone fème, les syins qui fount des croupettes
Vivent à même les syins qui l’s écoutent !
Et je creis que cha vâot byin eun froumage pou la ponne ! »
La cônèle, *hounteuse et touote gênaée
Promint, – il ‘tait byin temps ! -,
Qu’o s’y laisserait pus pêqui !
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Message non lu par francis68 »

Un de mes préférés
De Hermann Hesse.

La traduction d’abord :



Je suis le cerf, toi le chevreuil,
Tu es l’oiseau, moi le tilleul,
Toi le soleil et moi la neige,
Tu es le jour et moi le rêve.

La nuit, des lèvres du dormeur,
Un oiseau d’or vole vers toi,
Voix claire, aile aux vives couleurs,
Qui te dit le chant de l’amour,
Qui te dit ma chanson à moi.

(Pour Ruth Wenger)

**************

Liebeslied

Ich bin der Hirsch und du das Reh,
Der Vogel du und ich der Baum,
Die Sonne du und ich der Schnee,
Du bist der Tag und ich der Traum.

Nachts aus meinem schlafenden Mund
Fliegt ein Goldvogel zu dir,
Hell ist seine Stimme, sein Flügel bunt,
Der singt dir das Lied voll der Liebe,
Der singt dir das Lied von mir.

(für Ruth Wenger)
(Hermann Hesse)
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Message non lu par JeanYvon »

Bonjour!

Après l'allemand, j'en reviens à "l'argomuche"
C'est un chansonnier du nom d'Yves Deniau qui le premier à traduit les fables de monsieur De La Fontaine.

Ainsi:
Un pignouf de glaiseux qui s'sentait près de calancher alpaigua ses lardons, leur jacta en louchedè.....
remplace le laboureur et ses enfants
Je ne me souvient plus que du corbeau et le renard cité plus haut et de ce laboureur qui vante les bienfaits du travail.
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Message non lu par djef24 »

Je crois qu'il a été traduit dans tous les patois , dialectes et langues...... :hehe:
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Message non lu par djef24 »

Ma bohème

Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.
– Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
– Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

Arthur Rimbaud
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Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? – Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul VERLAINE
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Chanson d’automne
Paul Verlaine

Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon coeur
D’une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
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Le Pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine.

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Guillaume Apollinaire
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Le Cor....(Nous n'avions appris que le chapitre un )
Alfred de Vigny

I

J’aime le son du Cor, le soir, au fond des bois,
Soit qu’il chante les pleurs de la biche aux abois,
Ou l’adieu du chasseur que l’écho faible accueille,
Et que le vent du nord porte de feuille en feuille.

Que de fois, seul, dans l’ombre à minuit demeuré,
J’ai souri de l’entendre, et plus souvent pleuré !
Car je croyais ouïr de ces bruits prophétiques
Qui précédaient la mort des Paladins antiques.

Ô montagne d’azur ! ô pays adoré !
Rocs de la Frazona, cirque du Marboré,
Cascades qui tombez des neiges entraînées,
Sources, gaves, ruisseaux, torrents des Pyrénées ;

Monts gelés et fleuris, trône des deux saisons,
Dont le front est de glace et le pied de gazons !
C’est là qu’il faut s’asseoir, c’est là qu’il faut entendre
Les airs lointains d’un Cor mélancolique et tendre.

Souvent un voyageur, lorsque l’air est sans bruit,
De cette voix d’airain fait retentir la nuit ;
À ses chants cadencés autour de lui se mêle
L’harmonieux grelot du jeune agneau qui bêle.

Une biche attentive, au lieu de se cacher,
Se suspend immobile au sommet du rocher,
Et la cascade unit, dans une chute immense,
Son éternelle plainte au chant de la romance.

Âmes des Chevaliers, revenez-vous encor ?
Est-ce vous qui parlez avec la voix du Cor ?
Roncevaux ! Roncevaux ! Dans ta sombre vallée
L’ombre du grand Roland n’est donc pas consolée !

II

Tous les preux étaient morts, mais aucun n’avait fui.
Il reste seul debout, Olivier près de lui,
L’Afrique sur les monts l’entoure et tremble encore.
« Roland, tu vas mourir, rends-toi, criait le More ;

Tous tes Pairs sont couchés dans les eaux des torrents. »
Il rugit comme un tigre, et dit : « Si je me rends,
Africain, ce sera lorsque les Pyrénées
Sur l’onde avec leurs corps rouleront entraînées.

— Rends-toi donc, répond-il, ou meurs, car les voilà. »
Et du plus haut des monts un grand rocher roula.
Il bondit, il roula jusqu’au fond de l’abîme,
Et de ses pins, dans l’onde, il vint briser la cime.

« Merci, cria Roland ; tu m’as fait un chemin. »
Et jusqu’au pied des monts le roulant d’une main,
Sur le roc affermi comme un géant s’élance,
Et, prête à fuir, l’armée à ce seul pas balance.

III

Tranquilles cependant, Charlemagne et ses preux
Descendaient la montagne et se parlaient entre eux.
À l’horizon déjà, par leurs eaux signalées,
De Luz et d’Argelès se montraient les vallées.

L’armée applaudissait. Le luth du troubadour
S’accordait pour chanter les saules de l’Adour ;
Le vin français coulait dans la coupe étrangère ;
Le soldat, en riant, parlait à la bergère.

Roland gardait les monts ; tous passaient sans effroi.
Assis nonchalamment sur un noir palefroi
Qui marchait revêtu de housses violettes,
Turpin disait, tenant les saintes amulettes :

« Sire, on voit dans le ciel des nuages de feu ;
Suspendez votre marche ; il ne faut tenter Dieu.
Par monsieur saint Denis, certes ce sont des âmes
Qui passent dans les airs sur ces vapeurs de flammes.

Deux éclairs ont relui, puis deux autres encor. »
Ici l’on entendit le son lointain du Cor. —
L’Empereur étonné, se jetant en arrière,
Suspend du destrier la marche aventurière.

« Entendez-vous ! dit-il. — Oui, ce sont des pasteurs
Rappelant les troupeaux épars sur les hauteurs,
Répondit l’archevêque, ou la voix étouffée
Du nain vert Obéron qui parle avec sa Fée. »

Et l’Empereur poursuit ; mais son front soucieux
Est plus sombre et plus noir que l’orage des cieux.
Il craint la trahison, et, tandis qu’il y songe,
Le Cor éclate et meurt, renaît et se prolonge.

« Malheur ! c’est mon neveu ! malheur ! car si Roland
Appelle à son secours, ce doit être en mourant.
Arrière, chevaliers, repassons la montagne !
Tremble encor sous nos pieds, sol trompeur de l’Espagne ! »

IV

Sur le plus haut des monts s’arrêtent les chevaux ;
L’écume les blanchit ; sous leurs pieds, Roncevaux
Des feux mourants du jour à peine se colore.
À l’horizon lointain fuit l’étendard du More.

« Turpin, n’as-tu rien vu dans le fond du torrent ?
— J’y vois deux chevaliers : l’un mort, l’autre expirant.
Tous deux sont écrasés sous une roche noire ;
Le plus fort, dans sa main, élève un Cor d’ivoire,
Son âme en s’exhalant nous appela deux fois. »

Dieu ! que le son du Cor est triste au fond des bois !

Écrit à Pau, en 1825
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:hello: J-François, je me permets, apprise en primaire, j'aimais bien et je la redécouvre :happy1:

Le Coche et la Mouche

Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,

Et de tous les côtés au Soleil exposé,

Six forts chevaux tiraient un Coche.

Femmes, Moine, vieillards, tout était descendu.

L'attelage suait, soufflait, était rendu.

Une Mouche survient, et des chevaux s'approche ;

Prétend les animer par son bourdonnement ;

Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment

Qu'elle fait aller la machine,

S'assied sur le timon, sur le nez du Cocher ;

Aussitôt que le char chemine,

Et qu'elle voit les gens marcher,

Elle s'en attribue uniquement la gloire ;

Va, vient, fait l'empressée ; il semble que ce soit

Un Sergent de bataille allant en chaque endroit

Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.

La Mouche en ce commun besoin

Se plaint qu'elle agit seule, et qu'elle a tout le soin ;

Qu'aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire.

Le Moine disait son Bréviaire ;

Il prenait bien son temps ! une femme chantait ;

C'était bien de chansons qu'alors il s'agissait !

Dame Mouche s'en va chanter à leurs oreilles,

Et fait cent sottises pareilles.

Après bien du travail le Coche arrive au haut.

Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt :

J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.

Ca, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.

Ainsi certaines gens, faisant les empressés,

S'introduisent dans les affaires :

Ils font partout les nécessaires,

Et, partout importuns, devraient être chassés.

( Jean de La Fontaine , Fables de La Fontaine, Le Coche et la mouche)

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Message non lu par djef24 »

Et oui , je l'avais oubliée celle-là...merci binbin et si d'autres se rappellent leur tendre enfance à l'école ...ne vous génez pas :super: :super: :super:
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Message non lu par Les Comtois »

Ben perso, mes parents étaient profs et j'ai vraiment pas envie de retourner à l'école :diable: :diable: :diable: et même en GCU :malin1: :malin1: :malin1:
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Où flotte le drapeau comtois, qui que tu sois, tu es chez toi.
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Message non lu par eribabinbin »

Les Comtois a écrit :Ben perso, mes parents étaient profs et j'ai vraiment pas envie de retourner à l'école :diable: :diable: :diable: et même en GCU :malin1: :malin1: :malin1:
Ben perso, j'aurais aimé avoir eu ta chance, chez nous les plus grands (frères) aidaient les autres (petits).

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Message non lu par Eribazh »

Les Comtois a écrit :Ben perso, mes parents étaient profs et j'ai vraiment pas envie de retourner à l'école :diable: :diable: :diable: et même en GCU :malin1: :malin1: :malin1:
Je peux comprendre.
Pour ma part, c'est le contraire, mes parents, frère, grands-parents, oncles, tantes, beaux-parents, bel oncle, belle tante, belle nièce, femme et fille ainsi que moi-même sommes ou avons été professeurs dans les écoles de la République et fréquentons ou avons fréquenté (pas tous) le GCU ... et c'est avec plaisir que je découvre ici ces écrits, ces voies et voix nouvelles.
Moralité, tous les goûts sont dans la nature Eribiste.
eribabinbin a écrit :Ben perso, j'aurais aimé avoir eu ta chance, chez nous les plus grands (frères) aidaient les autres (petits).
Benjamin.
Tu as sans doute récolté un esprit de famille et d'entraide: ce sera ta chance ainsi que la nôtre; merci à eux!
:hello:
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eribabinbin a écrit :Ben perso, j'aurais aimé avoir eu ta chance, chez nous les plus grands (frères) aidaient les autres (petits).
Benjamin.
Eribazh a écrit :Tu as sans doute récolté un esprit de famille et d'entraide: ce sera ta chance ainsi que la nôtre; merci à eux!
:hello:

Ho oui!!, nous sommes cinq comme les cinq doigts de la main et partageons tout, les peines et les joies, sans parler de l'entraide. Quel plaisir de se réunir chez les uns ou chez les autres, ne serait-ce que pour boire un café et parler de ce temps là.

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Le cancre
Jacques PRÉVERT


Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le coeur
il dit oui à ce qu’il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec les craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur.
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Guy de MAUPASSANT
1850 - 1893
Nuit de neige
La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.

Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.
L'hiver s'est abattu sur toute floraison ;
Des arbres dépouillés dressent à l'horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.

Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde,
Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant ;
Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.
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Jean de LA FONTAINE

Le Laboureur et ses Enfants

Travaillez, prenez de la peine :
C'est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l'endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'Oût.
Creusez, fouiller, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.
Le père mort, les fils vous retournent le champ
Deçà, delà, partout ; si bien qu'au bout de l'an
Il en rapporta davantage.
D'argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.
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:hello:

La même en plus populaire !!!

Le Bouseux et ses Lardons

Turbinez, cassez-vous donc le derche :
C'est l'truc qui manque le moins.
Un bouseux plein aux as et sur le point d'calancher,
Agrafa ses lardons, leur jacta en lousdé.
« Faites ben gaff', momignards, de n'pas fourguer la tôle
Qu'nous ont r'filé nos darons.
Les viocs y ont carré des ronds.
Mézigue ignore la planque; mais sans êt' trop mariols,
Vous pourrez décocher, dégauchir des rotins
.
Vautrez-vous dans la glaise, collez-vous au turbin,
Zieutez, biglez, fouillez, passez partout la pogne
Et n'vous foutez pas en rogne. »
Le dab ayant clamsé, les chiards trifouillent la bauge
A droite, à gauche, tant et si bien qu'au bout d'une pige
Le tout est labouré et prêt à rapporter.
De l'oseille, point de planqué. Mais le vioque fut pas con
D’ainsi causer avant d'claquer :
« En trimant dur vient le pognon ! »

JP :happy1:
BZH : Bienvenue en Zone Humide Image
Vieillir, c'est la seule façon de vivre longtemps............
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:super: :mdr1:
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Message non lu par djef24 »

L’albatros


Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Charles Baudelaire
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Message non lu par djef24 »

Celui là ...j'adore

Pour faire le portrait d'un oiseau par Jacques Prévert

Peindre d'abord une cage avec une porte ouverte peindre ensuite
quelque chose de joli quelque chose de simple quelque chose de beau
quelque chose d'utile pour l'oiseau
placer ensuite la toile contre un arbre dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l'arbre
sans rien dire
sans bouger...
Parfois l'oiseau arrive vite
mais il peut aussi mettre de longues années avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
attendre s'il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l'arrivée de l'oiseau
n'ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau
Quand l'oiseau arrive
s'il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l'oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un à un tous les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l'oiseau
Faire ensuite le portrait de l'arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l'oiseau
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l'herbe dans la chaleur de l'été et puis attendre que
l'oiseau se décide à chanter
Si l'oiseau ne chante pas
C'est mauvais signe
signe que le tableau est mauvais
mais s'il chante c'est bon signe
signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l'oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau
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Salut
Que j'ai aimé Montant déclamer ce poème!
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Jean de LA FONTAINE

Le Chêne et le Roseau


Le Chêne un jour dit au Roseau :
"Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent, qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l'orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
- Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,
Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. "Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts.
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Monologue de Don Diègue, dans le Cid de Corneille (Acte I, scène 4)

Don Diègue
Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras, qu’avec respect toute l’Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
Ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Œuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité, fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d’où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur :
Ce haut rang n’admet point un homme sans honneur ;
Et ton jaloux orgueil, par cet affront insigne,
Malgré le choix du roi, m’en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d’un corps tout de glace inutile ornement,
Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M’as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger, en de meilleures mains.
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Hé hop
"Rodrigue, as tu du cœur ?"
oui,oui j'y suis passé
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Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

Message non lu par djef24 »

Scène V – Don Diègue, don Rodrigue , Le Cid ....Pierre Corneille

Don Diègue
Rodrigue, as-tu du cœur ?

Don Rodrigue
Tout autre que mon père
L’éprouverait sur l’heure.

Don Diègue
Agréable colère !
Digne ressentiment à ma douleur bien doux !
Je reconnais mon sang à ce noble courroux ;
Ma jeunesse revit en cette ardeur si prompte.
Viens, mon fils, viens, mon sang, viens réparer ma honte ;
Viens me venger.

Don Rodrigue
De quoi ?

Don Diègue
D’un affront si cruel,
Qu’à l’honneur de tous deux il porte un coup mortel :
D’un soufflet. L’insolent en eût perdu la vie ;
Mais mon âge a trompé ma généreuse envie ;
Et ce fer que mon bras ne peut plus soutenir,
Je le remets au tien pour venger et punir.
Va contre un arrogant éprouver ton courage :
Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage ;
Meurs, ou tue. Au surplus, pour ne te point flatter,
Je te donne à combattre un homme à redouter ;
Je l’ai vu, tout couvert de sang et de poussière,
Porter partout l’effroi dans une armée entière.
J’ai vu par sa valeur cent escadrons rompus ;
Et pour t’en dire encor quelque chose de plus,
Plus que brave soldat, plus que grand capitaine,
C’est…

Don Rodrigue
De grâce, achevez.

Don Diègue
Le père de Chimène.

Don Rodrigue
Le…

Don Diègue
Ne réplique point, je connais ton amour,
Mais qui peut vivre infâme est indigne du jour ;
Plus l’offenseur est cher, et plus grande est l’offense.
Enfin tu sais l’affront, et tu tiens la vengeance :
Je ne te dis plus rien. Venge-moi, venge-toi ;
Montre-toi digne fils d’un père tel que moi.
Accablé des malheurs où le destin me range,
Je vais les déplorer. Va, cours, vole, et nous venge.
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Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

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Automne
Guillaume Apollinaire

Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux
Et son boeuf lentement dans le brouillard d’automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux

Et s’en allant là-bas le paysan chantonne
Une chanson d’amour et d’infidélité
Qui parle d’une bague et d’un coeur que l’on brise

Oh! l’automne l’automne a fait mourir l’été
Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises
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Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

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Ce n'est pas un poème mais c'est toute notre enfance

La chèvre de Monsieur Seguin d'Alphonse Daudet

M. Seguin n'avait jamais eu de bonheur avec ses chèvres. Il les perdait toutes de la même façon :
un beau matin, elles cassaient leur corde, s'en allaient dans la montagne, et là-haut le loup les
mangeait. Ni les caresses de leur maître, ni la peur du loup, rien ne les retenait. [...]
M. Seguin s'apercevait bien que sa chèvre avait quelque chose, mais il ne savait pas ce que
c'était... Un matin, comme il achevait de la traire, la chèvre se retourna et lui dit dans son patois :
« - Écoutez, monsieur Seguin, je me languis chez vous, laissez-moi aller dans la montagne.
- Ah ! mon Dieu ! Elle aussi ! » cria M. Seguin stupéfait, et du coup il laissa tomber son
écuelle; puis, s'asseyant dans l'herbe à côté de sa chèvre :
« Comment, Blanquette, tu veux me quitter ! »
Et Blanquette répondit :
« Oui, monsieur Seguin.
- Est-ce que l'herbe te manque ici ?
- Oh ! non ! monsieur Seguin.
- Tu es peut-être attachée de trop court, veux-tu que j'allonge la corde ?
- Ce n'est pas la peine, monsieur Seguin.
- Alors, qu'est-ce qu'il te faut ? qu'est-ce que tu veux ?
- Je veux aller dans la montagne, monsieur Seguin.
- Mais, malheureuse, tu ne sais pas qu'il y a le loup dans la montagne... Que feras-tu quand il
viendra ?
- Je lui donnerai des coups de cornes, monsieur Seguin.
- Le loup se moque bien de tes cornes. Il m'a mangé des biques autrement encornées que toi...
Tu sais bien, la pauvre vieille Renaude qui était ici l'an dernier ? une maîtresse chèvre, forte et
méchante comme un bouc. Elle s'est battue avec le loup toute la nuit... puis, le matin, le loup l'a
mangée.
- Pécaïre ! Pauvre Renaude ! ... Ça ne fait rien, monsieur Seguin, laissez-moi aller dans la
montagne.
- Bonté divine! ... dit M. Seguin ; mais qu'est-ce qu'on leur fait donc à mes chèvres ? Encore une
que le loup va me manger... Eh bien, non... je te sauverai malgré toi, coquine ! et de peur que tu
ne rompes ta corde, je vais t'enfermer dans l'étable et tu y resteras toujours. »
Là dessus monsieur Seguin emporta la chèvre dans une étable toute noire, dont il ferma la porte à
double tour. Malheureusement, il avait oublié la fenêtre, et à peine eut-il le dos tourné, que la
petite s’en alla.
[...]
En somme, ce fut une bonne journée pour la chèvre de M. Seguin. Vers le milieu du jour, en
courant de droite et de gauche, elle tomba dans une troupe de chamois en train de croquer une
lambrusque* à belles dents. Notre petite coureuse en robe blanche fit sensation. On lui donna la
meilleure place à la lambrusque, et tous ces messieurs furent très galants...
Tout à coup le vent fraîchit. La montagne devint violette; c'était le soir.
« Déjà! » dit la petite chèvre ; et elle s'arrêta fort étonnée. En bas, les champs étaient noyés de
brume. Le clos de M. Seguin disparaissait dans le brouillard, et de la maisonnette on ne voyait
plus que le toit avec un peu de fumée. Elle écouta les clochettes d'un troupeau qu'on ramenait, et
se sentit l’âme toute triste... Un gerfaut*, qui rentrait, la frôla de ses ailes en passant. Elle
tressaillit... puis ce fut un hurlement dans la montagne :
« Hou! hou ! »
Elle pensa au loup ; de tout le jour la folle n'y avait pas pensé... Au même moment une trompe
sonna bien loin dans la vallée. C'était ce bon M. Seguin qui tentait un dernier effort.
« Hou ! hou !... faisait le loup..
- Reviens ! reviens !... » criait la trompe.Blanquette eut envie de revenir ; mais en se rappelant le pieu, la corde, la haie du clos, elle pensa
que maintenant elle ne pouvait plus se faire à cette vie, et qu'il valait mieux rester.
La trompe ne sonnait plus...
La chèvre entendit derrière elle un bruit de feuilles. Elle se retourna et vit dans l'ombre deux
oreilles courtes, toutes droites, avec deux yeux qui reluisaient... C'était le loup.
Énorme, immobile, assis sur son train de derrière, il était là regardant la petite chèvre blanche et la dégustant par avance. Comme il savait bien qu'il la mangerait, le loup ne se pressait pas;
seulement, quand elle se retourna, il se mit à rire méchamment.
« Ha ! ha ! la petite chèvre de M. Seguin » ; et il passa sa grosse langue rouge sur ses babines
d'amadou*.
Blanquette se sentit perdue... Un moment, en se rappelant l'histoire de la vieille Renaude, qui
s'était battue toute la nuit pour être mangée le matin, elle se dit qu'il vaudrait peut-être mieux se
laisser manger tout de suite ; puis, s'étant ravisée, elle tomba en
garde, la tête basse et la corne en avant, comme une brave chèvre de
M. Seguin qu'elle était... Non pas qu'elle eût l'espoir de tuer le loup, -
les chèvres ne tuent pas le loup, - mais seulement pour voir si elle
pourrait tenir aussi longtemps que la Renaude...
Alors le monstre s'avança, et les petites cornes entrèrent en danse.
Ah! la brave chevrette, comme elle y allait de bon cœur ! Plus de dix
fois, je ne mens pas, Gringoire, elle força le loup à reculer pour
reprendre haleine. Pendant ces trêves d'une minute, la gourmande cueillait en hâte encore un brin
de sa chère herbe ; puis elle retournait au combat, la bouche pleine... Cela dura toute la nuit.
De temps en temps la chèvre de M. Seguin regardait les étoiles danser dans le ciel clair, et elle se
disait :
« Oh! pourvu que je tienne jusqu'à l'aube... ? »
L'une après l'autre, les étoiles s'éteignirent. Blanquette redoubla de coups de cornes, le loup de
coups de dents... Une lueur pâle parut dans l'horizon... Le chant du coq enroué monta d'une
métairie.
« Enfin! » dit la pauvre bête, qui n'attendait plus que le jour pour mourir ; et elle s'allongea par
terre dans sa belle fourrure blanche toute tachée de sang...
Alors le loup se jeta sur la petite chèvre et la mangea.
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Les conquérants

José Maria de Heredia


Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,

Fatigués de porter leurs misères hautaines,

De Palos, de Moguer, routiers et capitaines

Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.



Ils allaient conquérir le fabuleux métal

Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,

Et les vents alizés inclinaient leurs antennes

Aux bords mystérieux du monde occidental.



Chaque soir, espérant des lendemains épiques,

L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques

Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;



Où, penchés à l’avant des blanches caravelles,

Ils regardaient monter en un ciel ignoré

Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.
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Lorsque l’enfant paraît.…

Victor-Marie Hugo


LORSQUE l’enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris. Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l’enfant paraître,
Innocent et joyeux.

Soit que juin ait verdi mon seuil, ou que novembre
Fasse autour d’un grand feu vacillant dans la chambre
Les chaises se toucher,
Quand l’enfant vient, la joie arrive et nous éclaire.
On rit, on se récrie, on l’appelle, et sa mère
Tremble à le voir marcher.

Quelquefois nous parlons, en remuant la flamme,
De patrie et de Dieu, des poëtes, de l’âme
Qui s’élève en priant;
L’enfant parît, adieu le ciel et la patrie
Et les poëtes saints! la grave causerie
S’arrête en souriant.

La nuit, quand l’homme dort, quand l’esprit rêve, à l’heure
Où l’on entend gémir, comme une voix qui pleure,
L’onde entre les roseaux,
Si l’aube tout à coup là-bas luit comme un phare,
Sa clarté dans les champs éveille une fanfare
De cloches et d’oiseaux.

Enfant, vous êtes l’aube et mon âme la plaine
Qui des plus douces fleurs embaume son haleine
Quand vous la respirez;
Mon âme est la forêt dont les sombres ramures
S’emplissent pour vous seul de suaves murmures
Et de rayons dorés.

Car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies,
Car vos petites mains, joyeuses et bénies,
N’ont point mal fait encor;
Jamais vos jeunes pas n’ont touché notre fange,
Tête sacrée! enfant aux cheveux blonds! bel ange
A l’auréole d’or!

Vous êtes parmi nous la colombe de l’arche.
Vos pieds tendres et purs n’ont point l’âge où l’on marche,
Vos ailes sont d’azur.
Sans le comprendre encor vous regardez le monde.
Double virginité! corps où rien n’est immonde,
Ame où rien n’est impur!

Il est si beau, l’enfant, avec son doux sourire,
Sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire,
Ses pleurs vite apaisés,
Laissant errer sa vue étonnée et ravie,
Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie
Et sa bouche aux baisers!

Seigneur! préservez-moi, préservez ceux que j’aime,
Frères, parents, amis, et mes ennemis même
Dans le mal triomphants,
De jamais voir, Seigneur, l’été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
La maison sans enfants!
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J'ai découvert cette pépite attribuée à Victor Hugo et qui concerne le village de Rocamadour.
Ce poème a été appris par tous les gamins de la région bien sur
Je connais moi mème parfaitement Rocamadour qui pour nous est une balade de fin d'apres-midi




Poème attribué à :
Victor Hugo

Irréelle splendeur au détour de la côte
Mirage mauve et brun, Rocamadour la haute
Surgit, escaladant de son farouche élan
Le sauvage canyon qui la porte en son flanc.
Dure Rocamadour, tout entière agrippée
Pure Rocamadour, comme une ardente épée
Tu lances dans le ciel ton défi vertical
Qui terrasse à genoux le vieux rocher bancal,
Et l'offre en rude hommage à la Vierge Marie ;
Montagne immémoriale en qui l'esprit marie
Ton exigeant amour, à l'âpre minéral.
Surplomb vertigineux et rempart féodal !
Roche découronnée où la pierre s'imbrique !
Caverne qui prend vie et devient basilique
Ta chapelle a pour mur les géantes parois
Ta fresque est en plein vent et sous la grande croix
Comme un socle Royal, tu mets un vrai Calvaire
Qui, bosselle au soleil, son tourment de calcaire.
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Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

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Soleil couchant
José-Maria de Heredia

Les ajoncs éclatants, parure du granit,
Dorent l’âpre sommet que le couchant allume ;
Au loin, brillante encor par sa barre d’écume,
La mer sans fin commence où la terre finit.

A mes pieds c’est la nuit, le silence. Le nid
Se tait, l’homme est rentré sous le chaume qui fume.
Seul, l’Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
A la vaste rumeur de l’Océan s’unit.

Alors, comme du fond d’un abîme, des traînes,
Des landes, des ravins, montent des voix lointaines
De pâtres attardés ramenant le bétail.

L’horizon tout entier s’enveloppe dans l’ombre,
Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
Ferme les branches d’or de son rouge éventail.
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Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

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:hello: :coeur: :coeur: :coeur:

L'amour d'Aragon et d'Elsa appartient aujourd'hui presque à la légende. Autant savoir donc que le poète rencontra en 1928 Elsa Triolet, une jeune femme soviétique, elle-même écrivain , que leurs vies, dès lors, furent inséparables....magnifiquement interprété en chanson par Jean Ferrat

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
 
Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant 
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre 
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.
J'ai tout appris de toi sur les choses humaines 
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon 
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines 
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines 
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson 
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson.

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre 
Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant 
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre 
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.
J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne 
Qu'il fait jour à midi, qu'un ciel peut être bleu 
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne 
Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne 
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux 
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux.

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre 
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant 
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre 
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.
Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes 
N'est-ce pas un sanglot que la déconvenue 
Une corde brisée aux doigts du guitariste 

Et pourtant je vous dis que le bonheur existe 
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues. 
Terre, terre, voici ses rades inconnues.
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre 
Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant 
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre 
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

: Sun : Danielle
« Veux-tu être heureux ? Donne du bonheur… » (Saint-Exupéry)
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Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

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Jean Ferrat adorait chanter des poésies et il était poète lui-mème.....un grand Monsieur :amen:
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Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

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Chanson pour les enfants l’hiver
Jacques PRÉVERT

Dans la nuit de l’hiver galope un grand homme blanc.
C’est un bonhomme de neige avec une pipe en bois,
un grand bonhomme de neige poursuivi par le froid.

Il arrive au village.
Voyant de la lumière,
le voilà rassuré.

Dans une petite maison, il entre sans frapper
et pour se réchauffer
s’assoit sur le poêle rouge
et d’un coup disparaît,
ne laissant que sa pipe au milieu d’une flaque d’eau,
ne laissant que sa pipe et puis son vieux chapeau…
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Re: Poèmes appris à l'école......bons et doux souvenirs

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La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Boeuf
Jean de La Fontaine

Une Grenouille vit un boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf
Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant : Regardez bien, ma soeur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n’y suis-je point encore ?
– Nenni. – M’y voici donc ? – Point du tout. – M’y voilà ?
– Vous n’en approchez point. La chétive pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs,
Tout petit Prince a des Ambassadeurs,
Tout Marquis veut avoir des Pages.
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le sous-préfet aux champs.

Alphonse Daudet


M. le sous-préfet est en tournée. Cocher devant, laquais derrière, la calèche de la sous-préfecture l’emporte majestueusement au concours régional de la Combe-aux-Fées. Pour cette journée mémorable, M. le sous-préfet a mis son bel habit brodé, son petit claque, sa culotte collante à bandes d’argent et son épée de gala à poignée de nacre… Sur ses genoux repose une grande serviette en chagrin gaufré qu’il regarde tristement.

M. le sous-préfet regarde tristement sa serviette en chagrin gaufré ; il songe au fameux discours qu’il va falloir prononcer tout à l’heure devant les habitants de la Combe-aux-Fées :

— Messieurs et chers administrés…

Mais il a beau tortiller la soie blonde de ses favoris et répéter vingt fois de suite :

— Messieurs et chers administrés… la suite du discours ne vient pas.

La suite du discours ne vient pas… Il fait si chaud dans cette calèche !… À perte de vue, la route de la Combe-aux-Fées poudroie sous le soleil du Midi… L’air est embrasé… et sur les ormeaux du bord du chemin, tout couverts de poussière blanche, des milliers de cigales se répondent d’un arbre à l’autre… Tout à coup M. le sous-préfet tressaille. Là-bas, au pied d’un coteau, il vient d’apercevoir un petit bois de chênes verts qui semble lui faire signe.

Le petit bois de chênes verts semble lui faire signe :

— Venez donc par ici, monsieur le sous-préfet ; pour composer votre discours, vous serez beaucoup mieux sous mes arbres…

M. le sous-préfet est séduit ; il saute à bas de sa calèche et dit à ses gens de l’attendre, qu’il va composer son discours dans le petit bois de chênes verts.

Dans le petit bois de chênes verts il y a des oiseaux, des violettes, et des sources sous l’herbe fine… Quand ils ont aperçu M. le sous-préfet avec sa belle culotte et sa serviette en chagrin gaufré, les oiseaux ont eu peur et se sont arrêtés de chanter, les sources n’ont plus osé faire de bruit, et les violettes se sont cachées dans le gazon… Tout ce petit monde-là n’a jamais vu de sous-préfet, et se demande à voix basse quel est ce beau seigneur qui se promène en culotte d’argent.

À voix basse, sous la feuillée, on se demande quel est ce beau seigneur en culotte d’argent… Pendant ce temps-là, M. le sous-préfet, ravi du silence et de la fraîcheur du bois, relève les pans de son habit, pose son claque sur l’herbe et s’assied dans la mousse au pied d’un jeune chêne ; puis il ouvre sur ses genoux sa grande serviette de chagrin gaufré et en tire une large feuille de papier ministre.

— C’est un artiste ! dit la fauvette.

— Non, dit le bouvreuil, ce n’est pas un artiste, puisqu’il a une culotte en argent ; c’est plutôt un prince.

— C’est plutôt un prince, dit le bouvreuil.

— Ni un artiste, ni un prince, interrompt un vieux rossignol, qui a chanté toute une saison dans les jardins de la sous-préfecture… Je sais ce que c’est : c’est un sous-préfet !

Et tout le petit bois va chuchotant :

— C’est un sous-préfet ! c’est un sous-préfet !

— Comme il est chauve ! remarque une alouette à grande huppe.

Les violettes demandent :

— Est-ce que c’est méchant ?

— Est-ce que c’est méchant ? demandent les violettes.

Le vieux rossignol répond :

— Pas du tout !

Et sur cette assurance, les oiseaux se remettent à chanter, les sources à courir, les violettes à embaumer, comme si le monsieur n’était pas là… Impassible au milieu de tout ce joli tapage, M. le sous-préfet invoque dans son cœur la Muse des comices agricoles, et, le crayon levé, commence à déclamer de sa voix de cérémonie :

— Messieurs et chers administrés…

— Messieurs et chers administrés, dit le sous-préfet de sa voix de cérémonie…

Un éclat de rire l’interrompt ; il se retourne et ne voit rien qu’un gros pivert qui le regarde en riant, perché sur son claque. Le sous-préfet hausse les épaules et veut continuer son discours ; mais le pivert l’interrompt encore et lui crie de loin :

— À quoi bon ?

— Comment ! à quoi bon ? dit le sous-préfet, qui devient tout rouge ; et, chassant d’un geste cette bête effrontée, il reprend de plus belle :

— Messieurs et chers administrés…

— Messieurs et chers administrés…, a repris le sous-préfet de plus belle.

Mais alors, voilà les petites violettes qui se haussent vers lui sur le bout de leurs tiges et qui lui disent doucement :

— Monsieur le sous-préfet, sentez-vous comme nous sentons bon ?

Et les sources lui font sous la mousse une musique divine ; et dans les branches, au-dessus de sa tête, des tas de fauvettes viennent lui chanter leurs plus jolis airs ; et tout le petit bois conspire pour l’empêcher de composer son discours.

Tout le petit bois conspire pour l’empêcher de composer son discours… M. le sous-préfet, grisé de parfums, ivre de musique, essaye vainement de résister au nouveau charme qui l’envahit. Il s’accoude sur l’herbe, dégrafe son bel habit, balbutie encore deux ou trois fois :

— Messieurs et chers administrés… Messieurs et chers admi… Messieurs et chers…

Puis il envoie les administrés au diable ; et la Muse des comices agricoles n’a plus qu’à se voiler la face.

Voile-toi la face, ô Muse, des comices agricoles !… Lorsque, au bout d’une heure, les gens de la sous-préfecture, inquiets de leur maître, sont entrés dans le petit bois, ils ont vu un spectacle qui les a fait reculer d’horreur… M. le sous-préfet était couché sur le ventre, dans l’herbe, débraillé comme un bohème. Il avait mis son habit bas ;… et, tout en mâchonnant des violettes, M. le sous-préfet faisait des vers.
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